La thérapie des schémas

Qu’est-ce que la thérapie des schémas ?
La thérapie des schémas est une forme de thérapie dite intégrative : c’est-à-dire qu’elle implique une combinaison de thérapie comportementale cognitive et des éléments d’autres théories psychologiques (psychanalytique, humaniste, gestalt, théories de l’attachement, etc.).
Elle se veut « transdiagnostique », c’est-à-dire qu’elle ne repose pas sur le traitement d’un syndrome psychiatrique spécifique, mais bien sur le traitement des divers schémas de personnalité présents chez un individu donné.
Le postulat de cette approche est que la « guérison » des différents schémas pathologiques d’un patient induira une résolution progressive de ses symptômes, ou du moins, lui permettra de mieux tolérer sa détresse psychologique et physique au long terme.
Si le concept de schéma est exploité depuis de nombreux siècles en philosophie, géométrie algébrique, économie, etc.. Celui thérapeutique s’appuie sur la notion théorique telle qu’utilisée dans la psychologie du développement cognitif.
On doit l’origine de cette thérapie à Jeffrey Young1 qui pouvaient constater les limites des thérapies cognitivo-comportementales pour certains troubles.
On définit un schéma comme étant un patron de pensées imposé à la réalité par le cerveau humain afin de catégoriser rapidement des informations de tous genres et de nous permettre d’expliquer nos perceptions, de guider les réponses à notre environnement et de résoudre des problèmes de façon efficace. Ces schémas se forment au plus jeune âge et continuent de se modifier en fonction de nos expériences de vie.
Certains schémas, qui pouvaient être adaptés, deviennent pathologiques à l’âge adulte sous la forme de fausses « vérités émotionnelles ». Celles-ci deviennent inébranlables et portent sur soi ou autrui, et ce, même si plusieurs faits autobiographiques contredisent ces croyances.
Cette forme de « rigidité » a une fonction : maintenir une vision stable de soi et du monde, même si cela le fait souffrir.
Un schéma précoce inadapté est :
- un thème récurrent et envahissant en lien avec un enjeu émotionnel spécifique;
- constitué de souvenirs (ou de traces mnésiques fragmentées), d’émotions, de cognitions et de sensations corporelles souvent intenses;
- une croyance fondamentale sur soi ou sur autrui, amenant l’individu à réagir de manière irréfléchie et stéréotypée, et à anticiper de façon rigide les comportements d’autrui;
- développé généralement pendant l’enfance et l’adolescence, souvent en réponse à un
besoin psychologique non comblé par les figures d’attachement; - consolidé à l’âge adulte par des expériences négatives qui alimentent le schéma;
- lié à un dysfonctionnement significatif dans la vie sociale, professionnelle ou familiale du patient2.
Il existe 18 schémas qui ne seront pas décrits ici. Cependant, chaque schéma correspond à un besoin psychologique de base non comblé.
On distingue cinq domaines :
- séparation et rejet (amour et acceptation)
- altération de l’autonomie et de la performance (confiance et autonomie)
- limites déficitaires (cadre et discipline)
- centration sur autrui (ne pourvoir qu’aux besoins d’autrui)
- hypervigilance/inhibition (plaisir et spontanéité)
Face à ces schémas, le patient a mis en place des stratégies d’adaptation dysfonctionnelles. Elles sont dites dysfonctionnelles car si elles ont pu être utiles dans l’enfance, elles ne sont plus adaptatives dans la vie d’adulte.
But de la thérapie
Il s’agit d’aider le patient à mettre en place des stratégies plus adaptées à sa vie actuelle. Pour cela, le thérapeute identifiera les différents schémas auxquels est soumis son patient et leurs origines. Ensuite, grâce à différents outils, il lui permettra d’identifier les moments où les schémas s’activent pour les rendre soit dormants soit les faire disparaitre.
Selon la gravité des traumatismes subits et le nombre de schémas présents, c’est une thérapie qui peut nécessiter du temps. Ce n’est pas une thérapie dite brève. Elle peut aussi appeler un accompagnement pluridisciplinaire (médecin généraliste, médecin psychiatre, …).
Trois techniques principales
Techniques expérientielles
Il s’agit de s’appuyer sur l’expérience du patient pour qu’il puisse exprimer ses émotions qui étaient réprimées. On peut, par exemple, lui demander de fermer les yeux et de revenir dans des situations du passé. On lui demande ce qu’il aurait vraiment aimé qu’il se passe à ce moment-là. On l’aide à exprimer ses besoins (en imagination). De cette façon, le patient apprend que ses émotions et besoins étaient normaux, mais que les réactions qu’ils ont reçues ne l’étaient pas.
Techniques cognitives
La thérapie cognitive se soucie des pensées et des idées que le patient peut avoir sur lui-même, les autres et le monde, qui ont dégénéré en expériences négatives dans leur enfance et leur vie. Des preuves allant pour et contre cette façon de penser seront recherchées. Dans le cas de nombreux arguments contradictoires, le thérapeute peut proposer un débat entre les deux points de vue, dans lequel le patient défend une position et le thérapeute en défend une autre.
Ensuite, les rôles sont échangés et il essaye de défendre la position inverse. De cette façon le patient acquiert des points de vue plus nuancés.
Techniques comportementales
Non seulement les émotions et les pensées doivent être changées, mais aussi comment le patient agit en conséquence. Les techniques comportementales consistent habituellement en des exercices d’essai de nouveaux comportements. Si, par exemple, le patient n’a jamais appris à exprimer son opinion, il pratique cette compétence d’abord avec le thérapeute et plus tard dans des situations en dehors de la thérapie.
Pour conclure
Une combinaison des techniques décrites mènera à une image plus positive du patient, lui enseignera à qui il pout faire confiance ou non, et la meilleure façon
d’attaquer les problèmes. Ses différents côtés coopéreront et il s’épanouira en
adulte sain.
Notes :
1 Young, J., Klosko, J. et Weishaar, M. Schema Therapy : A Practitioner’s Guide, The Guilford Press, 2003, 436 p.
2 Beck, A., Rush, J., Shaw, B. et Emery, G. Cognitive Therapy of Depression, The Guilford Press, 1987, 425 p.